l n’est un secret pour personne que le système éducatif haïtien est bourré de problèmes, surtout en ce qui a trait au salaire des enseignants, ce qui trop souvent cause l’absence de ces derniers en salle de classe ou encore provoque la grève d’enseignants ou des manifestations des rues organisées par des profs ou des élèves. Une manifestation inattendue d’enseignants et d’élèves a eu lieu mercredi dans les rues à Cité-Soleil. Les élèves du lycée de Duvivier de Cité Soleil et ceux de Sibert, de Marin ont foulé le macadam pour soutenir les enseignants en grève depuis le 2 févier 2018. Plusieurs blessés ont été recensés dans le camp des manifestants, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Sept personnes, dont trois élèves, auraient été blessées tandis que deux élèves et un professeur auraient été bastonnés par des policiers, à Cité-Soleil et à Marin. Ces heurts ont eu lieu lors des affrontements en marge de ce mouvement de grève par des élèves pour réclamer la présence des professeurs dans les salles de cours.
Une intervention de la police pour disperser la manifestation aurait entraîné l’évanouissement de plus d’une vingtaine d’élèves dans les salles de classe du lycée de Duvivier de Cité-Soleil. Ils auraient été aspergés de gaz lacrymogène, lancé par la police, sans discernement. Le directeur du lycée de Duvivier de Cité-Soleil, Charles Josaphat, dit avoir été lui-même agressé par des policiers. « Au moment où les policiers lançaient les bonbonnes de gaz lacrymogène en direction de l’école, plus d’une vingtaine d’élèves tombaient en syncope. D’autre part, des élèves du lycée Faustin Soulouque de Petit-Goâve ont pris les rues pour manifester contre l’absence d’enseignants dans leurs salles de classe depuis une semaine. Ils ont perturbé le fonctionnement d’autres institutions scolaires et fermé de force des bureaux publics. Il y a huit jours, des enseignants du lycée Faustin Soulouque de Petit-Goâve sont entrés en grève pour réclamer du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), leurs arriérés de salaire, de meilleures conditions de travail et la régularisation du statut de certains d’entre eux jusqu’ici non nommés. Tout d’abord, les enseignants avaient lancé un ultimatum aux autorités
. La date butoir écoulée, pour manifester et montrer leur colère face au non-respect des promesses du Gouvernement à leur égard, ces enseignants persistent et jurent de continuer leur mouvement jusqu’à ce que les autorités entendent raison et satisfassent à leurs revendications. Le lundi 26 février 2018, c’était au tour des élèves de cette institution de prendre les rues pour manifester contre le fait que, depuis une semaine, ils n’ont pas de professeurs dans leurs salles de classe, alors que certains se préparent à subir des examens d’État cette année. Dans leur protestation, ils sont allés jusqu’à perturber le fonctionnement d’autres institutions scolaires. Ailleurs, les professeurs de la Grand-Anse sont aussi en colère contre le ministère de l’Éducation nationale qui leur doit plusieurs mois d’arriérés de salaire. Ils se sont rassemblés au local de la Direction départementale du ministère de l’Éducation de la Grand-Anse, le 26 février dernier, et en ont profité pour exiger leur nomination. « Nous devons répondre à nos responsabilités familiales.
Cela fait plusieurs mois que nous n’avons pas reçu notre salaire », fustige un professeur dans une vidéo publiée par la Voix de l’Amérique. Le Directeur départemental de la Grand-Anse, Jean Ernso Dauphin, rassure les enseignants que leurs revendications seront bientôt adressées par le ministère de l’Éducation. « J’ai la preuve que tous les dossiers sont déjà prêts. Le ministère des Finances va rembourser les professeurs », a-t-il martelé.
Pour sa part, le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) se dit profondément alarmé par les manifestations intempestives d’élèves, issus de différentes écoles publiques, dans plusieurs villes d’Haïti. Dans un communiqué de presse en date du 28 février 2018, le MENFP dénonce une « pratique abusive et non éthique » de la part d’enseignants qui utiliseraient les élèves, éternelles victimes des grèves, en réalité.
Emmanuel Saintus