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Les miettes du carnaval

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Les trois jours gras des festivités carnavalesques se sont déroulés le dimanche 11, le lundi 12 et le mardi 13 février à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, sans incident majeur. Pendant ces trois jours, des danseurs, des danseuses, des bandes à pied, des chars musicaux et allégoriques ont créé l’animation dans l’aire du Champ-de-Mars, où la grande foule était présente. Selon un bilan partiel, plusieurs centaines de blessés ont été recensés lors de ces 3 jours gras.

 

Sur le plan logistique, le carnaval de cette année a été une véritable honte. Durant les deux premiers jours, la majorité des groupes n’ont pas eu le temps de défiler. Des musiciens ainsi que des observateurs ont pointé du doigt les membres du comité chargé d’organiser ce grand événement culturel. À cause d’un déficit d’autorité, le comité organisateur du carnaval 2018 avait promis ce qu’il ne pouvait pas donner : « contenu artistique et musical pour les trois jours gras ». Il a dû composer avec des déficiences graves au niveau de la logistique. Pas un jour gras où l’ordre du défilé des groupes musicaux a pu être respecté. Des orchestres, conduits par des autorités politiques, n’ont fait qu’à leur tête pour déjouer toutes les dispositions prises par les organisateurs dimanche, lundi et mardi. Dimanche, le premier jour gras, il était 9h du soir, aucun groupe musical n’avait encore atteint le Champ-de-Mars. 14 groupes sur 20 se sont présentés devant le public avec des succès et des parcours inégaux. Le lendemain, deuxième jour gras, ce fut pire car seulement 13 groupes sur les 20 annoncés ont pris part au défilé. Chacun avait un problème quelconque. Les retards étaient tels que deux heures s’écoulaient entre le passage du deuxième groupe et le premier arrivé vers 9 h p.m. au Champ-de-Mars. Mardi, le troisième et dernier jour gras, le défilé a débuté plus tôt, mais toujours dans le désordre, avec des groupes qui n’ont fait qu’à leur tête. Cette fois, heureusement, tous les groupes annoncés ont atteint le Champ-de-Mars avec des fortunes diverses car, comme pendant les deux jours précédents, panne de génératrice, vol d’essence en plein défilé sur des camions conduisant des chars, sonorisation défaillante et panne des camions chargés de tirer des chars ont émaillé le parcours du combattant des orchestres. Chaque jour, on a dû faire face à des déficiences qui pouvaient être anticipées et corrigées, sans compter les imprévus d’une grosse machine et ses ratés tout aussi imprévisibles. Le public, qui a fait le déplacement en nombre imposant pendant les trois jours, a dû attendre et espérer sans informations. Nombreux sont ceux qui sont rentrés chez eux sans voir ni danser au rythme de leurs groupes préférés.

 

Le défilé artistique a été la grande victime du carnaval de cette année. De nombreux efforts ont été déployés par des groupes masqués et des bandes à pied. L’indiscipline de la foule et l’agencement du parcours ont rarement permis aux participants de se transformer en spectateurs. Sur le béton, tout le monde a été plutôt les acteurs de la fête, ruinant ainsi le travail remarquable des petites mains qui ont maquillé, habillé et masqué des centaines de figurants.

 

Tout ceci nous montre que cette année, le carnaval national n’a pas été un sans faute. Les trois jours gras ont été marqués par de sérieux problèmes de planification et d’organisation. Plusieurs animateurs d’émissions culturelles de la capitale ont tout mis sur le compte du comité qui, selon eux, avait un « déficit d’autorité ». Ils critiquent aussi le « manque de communication » et « l’interférence de la politique » dans la planification de cette grande fête nationale. Plusieurs sénateurs en fonction ont enfilé leur costume de chanteur et se sont agrippés à des chars, dimanche, lundi et mardi quand Michel Martelly, ancien président de la République, faisait danser le Champ-de-Mars. Ce dernier a clôturé son carnaval très tard mercredi matin, sur la route nationale # 2 qui n’avait rien à voir avec le parcours officiel. Plusieurs autres groupes musicaux, dont Mass Compas du sénateur Garcia Delva, n’ont pas respecté l’ordre dans lequel ils devaient défiler pendant les trois jours. On dirait que le comité n’avait aucune autorité sur certains groupes.

 

Un bilan provisoire de la direction sanitaire de l’Ouest a enregistré 877 personnes blessées, dont 477 femmes, durant le déroulement du carnaval de Port-au-Prince. Les cas recensés sont liés en majeure partie à des difficultés respiratoires et des blessures par arme blanche, précise le directeur sanitaire de l’Ouest, Martial Bénêche, dans les médias. Parmi les 877 blessés, 740 d’entre eux ont été pris en charge sur place alors que 50 ont été gardés en observation. Les 87 autres blessés ont été référés dans des institutions sanitaires appropriées. Des suivis psychologiques ont été également fournis à des femmes qui ont subi des agressions sexuelles lors du carnaval, rapporte Bénêche.

 

Entre l’échec artistique, l’absence d’autorité du comité, les groupes musicaux inutiles, un public en désordre et les millions d’autres mauvaises notes, on dirait qu’on a vraiment « gaspiye lajan nan fè kanaval » pour rien, comme l’a si bien dit Roody Roodboy dans sa meringue carnavalesque.

Emmanuel Saintus

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