Le directeur général de la PNH ne lésine pas sur ce principe. Michel-Ange Gédéon est formel sur un point : il n’y aura pas de police universitaire ni de police parlementaire, encore moins de police municipale comme le veulent certains maires. Toutefois, le chef de la police a un plan pour aider à sécuriser l’Université d’État et un plan pour la formation d’une unité spéciale chargée de sécuriser le Parlement. Certains professeurs et étudiants plaident pour la création d’une police universitaire. Au Parlement, des parlementaires ont déjà entamé les réflexions sur la formation d’une police parlementaire.
Certains maires, quant à eux, ont déjà mis sur pied ce qu’ils appellent la police municipale. Rien de tout cela ne sera possible. La seule force de police sur le territoire, c’est la Police nationale d’Haïti, a soutenu le directeur général de la PNH. Michel-Ange Gédéon, dans une interview accordée au Nouvelliste, a toutefois indiqué que la Police nationale peut aider dans la formation de maniement de bâtons et des tactiques défensives d’une équipe pour sécuriser l’université, mais pas dans le maniement d’armes à feu. « Je ne vois pas l’utilité de gens armés dans une université », a-t-il dit. Cependant, le policier a souligné que, à la demande des responsables de l’université, les agents de police peuvent intervenir dans les facultés. S’agissant de la présence de policiers la semaine dernière dans les facultés des Sciences humaines et de l’Ethnologie, la Police nationale répondait à une demande des responsables de l’université qui ont évoqué un texte de loi pour soutenir leur demande. À l’occasion d’une réunion de travail tenue le samedi 27 janvier 2018, un groupe de citoyens et citoyennes et des professeurs de l’UEH estiment nécessaire de s’exprimer sur les derniers développements de la grave crise qui secoue l’UEH, notamment les tentatives inacceptables de militarisation des espaces universitaires qui se sont concrétisées par la présence des agents du CIMO et du BOID, respectivement à la Faculté des Sciences Humaines et à la Faculté d’Ethnologie, depuis le jeudi 25 janvier écoulé.
Les institutions d’enseignement supérieur constituent un précieux patrimoine collectif en Haïti. Des luttes démocratiques ont été menées par plusieurs générations d’étudiants, de professeurs et de patriotes, depuis la fameuse grève de Damien de 1929 qui a contribué à accélérer le départ des troupes d’occupation étatsuniennes en 1934. L’UEH, comme tout espace d’enseignement, (article 34 de la Constitution de 1987) doit demeurer un espace autonome et inviolable. Pour accomplir valablement sa mission de production de savoirs, de développement de la pensée critique et de services à la communauté, elle ne peut accepter aucune dépendance d’aucune institution. Des affrontements ont eu lieu, le vendredi 26 janvier 2018, entre des étudiants expulsés de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH), aux abords de la Faculté des Sciences humaines (FASCH) située à l’avenue Christophe. Cette situation de tension a régné dans la zone, après que ces étudiants expulsés, aient pénétré de force l’enceinte de la FASCH où, depuis trois jours, des policiers sont postés avec pour rôle de garantir la sécurité de l’espace. Les policiers ont lancé du gaz lacrymogène dans toutes les directions pour disperser les étudiants qui ont riposté, à leur tour, par des jets de pierre.
Il ne devrait pas avoir la présence des forces de l’ordre dans une faculté. L’université n’est pas un commissariat, martèle Josué Mérilien de l’Union nationale des Normaliennes et Normaliens haïtiens (UNNOH). La présence des policiers à la FASCH n’est qu’une tentative de contrôle des étudiants, afin d’étouffer la contestation estudiantine, pense-t-il. Il appelle les autorités concernées à privilégier le dialogue et le débat à l’université, et non la présence de gens armés. Le Conseil de l’Université (CU) de l’UEH avait sollicité, dans les meilleurs délais, une présence policière dans l’enceinte de la FASCH et de la Faculté d’Ethnologie (FE), dans un communiqué de presse daté du jeudi 4 janvier 2017. Cette décision a été prise lors de la réunion en session extraordinaire du Conseil de l’université, le mercredi 27 décembre 2017.
Par la suite, des étudiants de la Faculté des Sciences humaines (FASCH) ont sollicité une présence effective de la PNH dans cet espace, en vue de faciliter la reprise des activités, lors d’une conférence de presse donnée le mardi 23 janvier 2018. Plus d’une quinzaine d’étudiants, dont douze de la FASCH, ont été expulsés de l’UEH pour leur implication présumée dans le sabotage des bâtiments du rectorat, de la direction des études post-graduées et autres exactions qui leur sont reprochées. Les portes de la Faculté d’Ethnologie sont aussi fermées depuis le mois de juin 2017, paralysant les activités académiques dans cet établissement.
Saintus Emmanuel