La notion de coaching est très connue pour son application au domaine des sports. Et depuis toujours, il est recommandé à tout athlète ou sportif d’être coaché. Mais ces 20 dernières années ont vu l’émergence et le succès, surtout en Amérique du Nord, de pratiques de coaching dans le domaine des affaires : d’où le coaching d’affaires. Si l’encadrement et l’évolution de ce type de coaching, entre autres, relèvent de l’International Coaching Federation, ils sont diffusés via des instituts, cabinets et ordres professionnels qui forment et recyclent des professionnels en accompagnement orienté vers les entreprises.
Qu’est-ce donc que le coaching d’affaires ?
Le coaching d’affaires renvoie à une relation professionnelle suivie, centrée sur la situation présente d’un client et étalée sur une période déterminée, qui lui permet de développer des compétences dans l’action, d’obtenir des résultats concrets et mesurables dans son travail en entreprise et d’améliorer ses performances ; ce, en lien avec des priorités et objectifs qu’il a établis et qu’il s’engage à atteindre avec l’appui d’un coach.
Cette approche est fondamentalement différente du consulting traditionnel. Notons que le « coaché » est souvent propriétaire ou chef d’entreprise, cadre et parfois, est constitué de toute une équipe.
Le coaching d’affaires est orienté vers des résultats, dans le respect des priorités et objectifs définis par et avec le client coaché. Il prend en compte ses contraintes et enjeux, les résultats que le client veut ou doit obtenir et la situation de l’entreprise que celui-ci dirige ou dans laquelle il travaille.
Mais le volontarisme, l’engagement et la discipline du client coaché sont indispensables. Celui-ci est responsabilisé par le coach qui le rencontre et à qui il rend compte, lors de séances de travail et de suivi tenues en entreprise, hors entreprise et/ou par téléphone. La reddition de comptes par le client coaché est obligatoire et très importante. Elle permet au coach de savoir où en est le client coaché et, surtout, de faire un suivi soutenu et adéquat.
Il s’agit ainsi de catalyser le développement graduel du plein potentiel du client coaché qui a une obligation de résultat. D’où l’intérêt pour lui d’être pleinement engagé pour tirer le meilleur parti de la relation de coaching pour lui-même et pour l’entreprise.
S’il est vrai que le coaching d’affaires a émergé en Occident dans les années 2000, il est déjà adopté ailleurs. Et aujourd’hui, dans des contextes d’affaires semblables au nôtre, les chefs d’entreprises de tout genre s’adjoignent des coaches.
Pourquoi et que peut le coaching d’affaires dans le contexte haïtien ?
De prime abord, rappelons des statistiques issues du recensement des entreprises, réalisé en 2012 par le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI). En effet, 96% des 71 515 entreprises recensées sont individuelles ou familiales, et seulement 9,36% du total seraient des PME. Cela dit, l’écrasante majorité des entreprises du pays sont des micro-entreprises. Par ailleurs, seulement 10% des entreprises dénombrées génèrent plus de 250 000 gourdes de chiffre d’affaires. Et côté éducation, 12% seulement des propriétaires de PME ont le niveau universitaire, contre 27% le niveau primaire. Tandis que, dans l’ensemble, 7% des propriétaires d’entreprises ont atteint l’université.
Autres statistiques signifiantes, 75,1% des chefs d’entreprises interviewés souhaitaient un appui de l’État haïtien, et 12.4% d’entre eux le voulaient sous forme financière. D’où ces initiatives du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI), à savoir : le Programme de Soutien aux Micro Entreprises (PSME), le Centre de Développement de l’Entreprise et de l’Entreprenariat (CDEE) et les Services d’Appui aux Entreprises (SAE). Et ce, avec leurs limites et pour un impact mitigé. Mais l’on convient qu’il n’incombe pas à l’État de fournir aux entrepreneurs et entreprises des services d’appui-conseil en Gestion.
En effet, ces statistiques font écho aux difficultés des chefs d’entreprises du pays à satisfaire pleinement aux exigences de compétences et de savoir-être propres au métier d’entrepreneur qu’ils exercent par opportunité ou par contrainte, alors que les entreprises, souvent en panne de Gestion et peu structurées, rêvent de performance et de croissance, oubliant de fait que cela requiert d’abord un changement d’état.
Cela dit, il serait judicieux que le propriétaire ou chef de MPME haïtien s’adjoigne un coach d’affaires au lieu de recourir à un consultant. Pour son entreprise, ce changement de paradigme s’impose. Car le coach d’affaires, en plus de l’aider à traquer et à endiguer les causes profondes de problèmes ou de contre-performances de et dans l’entreprise, peut l’accompagner dans l’élaboration et l’exécution d’actions-solutions.
Ce faisant, le chef d’entreprise haïtien aurait à ses côtés, un professionnel engagé sur la durée, offrant à son entreprise un service rapproché à valeur ajoutée unique et jouant également le rôle de développeur de compétences et d’affaires.
Si le contexte d’affaires haïtien rend très difficile le succès des MPME, les faiblesses propres aux entreprises en Haïti et à leurs propriétaires ou dirigeants constituent de sérieux facteurs limitants intrinsèques. En cela, le coaching d’affaires peut être un mode alternatif efficace d’accompagnement. Le but ultime étant de catalyser, avec efficacité et sur la durée, la performance optimale de la triade dirigeant(s)-personnel-entreprise.
Il convient de rappeler qu’une entreprise est un tout complexe, jamais facile à gérer. Et dans le contexte d’affaires haïtien très difficile et où la concurrence est parfois déloyale, l’entrepreneur haïtien, déjà souvent peu préparé et sa MPME à la fois faiblement structurée et mal ou non accompagnée, est normalement très vite dépassé. D’ailleurs aujourd’hui, faute d’appui-conseil professionnel adéquat, qui sait combien de MPME en Haïti stagnent lamentablement ou risquent même de bientôt déposer le bilan ?
Somme toute, le coaching d’affaires s’applique à tout dirigeant, cadre ou employé et type d’entreprise. Ce, indépendamment du niveau d’éducation et de responsabilité de l’individu à coacher, de la taille et du métier de l’entreprise. Et loin d’être un luxe inaccessible ou une source de coût supplémentaire, il représente une alternative adéquate pour la MPME haïtienne. S’adjoindre un coach d’affaires étant à la fois stratégique et très avantageux, chaque chef d’entreprise en Haïti gagnerait donc à se faire coacher … pour le meilleur !
Luckenson Louis, M. Sc.
Entrepreneuriat et Stratégie
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