Il n’est un secret pour personne, qu’en tre Haïti et la République Domini caine, ce n’est pas le grand amour, et les agissements des voisins de l’est de l’île n’améliorent guerre la situation. Faisant d’Haïti son marchepied et sa première destination en matière d’exportation, la République Dominicaine foule, les unes après les autres, les accords signés avec Haïti au fil des années, sans se gêner. Entre le 2 et le 3 janvier 2018, 51 Haïtiens ont été rapatriés en Haïti par le Gouvernement dominicain, a déclaré le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR), dans une entrevue accordée à Loop Haïti. Le GARR indique en avoir accueilli et accompagné 25 (hommes), très tard dans la soirée du mardi 2 janvier.
26 autres, dont six femmes, ont été rapatriés le mercredi 3 janvier. Le fait pour les Dominicains de rapatrier des Haïtiens le 2 janvier, jour férié en Haïti, constitue une violation du protocole sur les mécanismes de rapatriement, paraphé le 2 décembre 1999 par les deux États de l’île. Angénor Brutus, responsable au sein du GARR, signale que le protocole d’accord prévoit, qu’au cas où l’un des États signataires doit rapatrier des citoyens de l’autre, les autorités doivent avertir leurs homologues, afin qu’elles puissent venir accueillir leurs ressortissants. « Or, le 2 janvier, c’est férié en Haïti, donc il n’y a pas de service », souligne-t-il. Le GARR s’insurge devant cette action qui viole le protocole et en même temps porte atteinte aux droits des ressortissants haïtiens arrêtés, conduits et abandonnés, les mains vides sur la frontière.
« Les conditions de vie des immigrants haïtiens en République dominicaine continuent de susciter des inquiétudes dans l’Église catholique. L’année dernière, en fait, au moins quarante-sept mille Haïtiens ont été rapatriés, sans possibilité de retour au pays où ils avaient trouvé l’occupation », peut-on lire dans les premières lignes du texte repris par le journal Dominicain Diario Libre. La position du Vatican se fonde sur les arguments concernant les abus présumés et les violations des droits de l’homme exprimés par le directeur de Service jésuite pour les migrants en Haïti, Jean Robert Déry, dans une interview accordée le 26 décembre à Radio Vision 2000 à Port-au- Prince. L’Osservatore Romano a recueilli une citation du révérend jésuite : « Les Haïtiens qui reviennent de la République Dominicaine sont souvent maltraités, blessés et réduits à la pauvreté ». Les déclarations du prêtre Jésuite sont à écouter ici.
De quoi soulever la colère de l’ambassadeur dominicain auprès du Saint-Siège, Victor Grimaldi, qui a adressé une lettre au rédacteur en chef de L’Osservatore Romano, Gian Maria Vian, pour répondre aux accusations de l’Église catholique contre son pays. « La République Dominicaine, comme tout État organisé (États-Unis, le Chili, le Mexique, le Pérou, l’Équateur, le Brésil et le même l’État de la Cité du Vatican) a le droit de réglementer l’entrée documentaire et la sortie des ressortissants étrangers sur son territoire. Nous le faisons en stricte conformité avec le droit international et l’accord », défend M. Grimaldi. Dans sa lettre, le diplomate a mis en avant les accompagnements que l’État Dominicain offre aux ressortissants haïtiens, notamment des soins médicaux gratuits pendant la grossesse et l’accouchement dans les hôpitaux dominicains, ainsi que la possibilité d’étudier et de travailler dans le pays. « Le peuple dominicain et son gouvernement sont généreux et accueillent les migrants de toutes nationalités, tant qu’ils respectent nos lois », signe Victor Grimaldi.
Emmanuel Saintus
Emmanuel Saintus