L’opposition démocratique a repris son bâton de pèlerin contre le pouvoir en place. En effet, le mardi 9 janvier 2018, plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour réclamer le départ de l’équipe Moïse/Lafontant. Ils ont fustigé les principales décisions du gouvernement dont la remobilisation de l’armée et la mise en place du Conseil Électoral Permanent. La manifestation a démarré sans incident dans la commune de Pétion-Ville. Arrivée à Delmas 75, un individu non identifié a lancé une grenade lacrymogène sur le leader de Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, ce qui a provoqué la colère des manifestants. Alors que le président Jovenel Moïse avait lancé aux Gonaïves les états généraux sectoriels, le 1er janvier 2018, des voix se sont élevées contre l’invitation du chef de l’État. L’ex-sénatrice Edmonde Supplice Bauzile estime que le président ignore vraiment le concept des « états généraux sectoriels ». L’ancienne candidate à la présidence souhaite que le président explique sa conception des « états généraux sectoriels» et définisse ses priorités. « Personne ne connaît le contenu de ses états généraux », glisse-telle.
Pour Mme Bauzile, vu la complexité politique à laquelle Haïti est confrontée actuellement, une vision doit être dégagée quelque part avant de regarder la question par secteurs : éducation, santé […] Edmonde S. Bauzile rappelle que la Fusion des Sociaux- Démocrates fait, depuis tantôt six ans, la promotion pour un pacte de gouvernabilité dans le pays. « Il est important qu’il y ait un dialogue national qui permettra aux acteurs politiques de se mettre d’accord sur la voie que doit prendre ce pays, lequel est en transition depuis le départ du régime duvaliériste. » Pour Schiller Louidor, Fanmi Lavalas ne croit pas aux propos de Jovenel Moïse qui a lancé les états généraux sectoriels de la nation. Et de poursuivre que « Fanmi Lavalas ne veut pas s’asseoir avec un président nommé et inculpé, qui n’entend personne. Le parti est prêt à rallumer le flambeau de la mobilisation contre la corruption et contre le pouvoir en place ».
Le Mouvement Patriotique Populaire Dessalinien (MOPOD) a dit que le chef de l’État manque de méthode dans sa démarche pour réaliser les états généraux sectoriels. « Avant les rencontres, il faut définir une méthode avec des termes de référence clairs, qui tiennent compte du contexte, prévoient des objectifs et activités à réaliser, en vue d’une solution aux problèmes », recommande le coordonnateur du MOPOD, Jean André Victor. En outre, le député de la commune de Mirebalais, Abel Descollines, souhaite que le président fasse « oeuvre qui vaille », en assurant un réel suivi en vue de la réalisation des États généraux. Est-ce que le chef de l’État sera capable de réunir tout le monde, vu la méfiance de certains secteurs à son encontre, se questionnet- il?
Emmanuel Saintus