La troupe d’occupation de la MINUSTAH a été remplacée par une autre force dénommée MINUJUSTH (Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti). Le lundi 16 octobre 2017 ont débuté les activités de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), après la fin du mandat de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le dimanche 15 octobre. « La fermeture de la MINUSTAH témoigne des progrès accomplis par Haïti en 13 ans. La création de la MINUJUSTH reflète l’engagement des Nations Unies à soutenir la consolidation de la paix et à promouvoir la stabilité en Haïti. La MINUJUSTH assistera le Gouvernement haïtien à renforcer les institutions de l’état de droit, à continuer de développer les capacités de la police nationale et de promouvoir les droits de l’homme. La police nationale peut compter sur le soutien opérationnel de la MINUJUSTH, tant qu’elle en aura besoin, pour maintenir l’ordre public et la loi sur l’ensemble du territoire ». C’est ce qu’a déclaré António Gutierrez, Secrétaire général des Nations Unies, à ce sujet. Pour sa part, l’ancienne Représentante spéciale des Nations Unies pour Haïti, Sandra Honoré, a fait savoir que : « Le départ de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti représente un moment pour tourner la page en Haïti et un moment pour permettre que le pays continue d’aller de l’avant ». De l’avis de nombreux observateurs, créée en 2004 par le Conseil de sécurité de l’ONU, pour remplacer des troupes américaine et française qui avaient été déjà débarquées en Haïti, à la suite du kidnapping de l’ex-président élu, Jean-Bertrand Aristide, la MINUSTAH a passé 13 années sans pour autant arriver à atteindre sa mission déclarée, qui était la professionnalisation de la police, le renforcement de l’État de droit, la promotion et la protection des droits de l’homme. Cependant, « le fait que le Conseil ait pu décider de la fermeture de la MINUSTAH indique que les éléments du mandat ont été atteints », a dit Sandra Honoré. « Haïti en 2017 est un pays complètement diffèrent de ce qu’il était en 2004. Il y a un niveau de sécurité qui permet aux citoyens de vaquer à leurs affaires, d’une manière beaucoup plus libre qu’en 2004. Ceci est dû au travail de professionnalisation avec la police nationale d’Haïti », a conclu Sandra Honoré. Au cours d’une rencontre du Conseil de sécurité de l’ONU, plusieurs délégations ont commenté le travail accompli par la MINUSTAH. Pour le délégué de l’Uruguay, il a complimenté le bilan positif de la MINUSTAH, tandis que son homologue de l’Italie a accentué les « gains remarquables » obtenus par la Police nationale, grâce à la MINUSTAH. Le représentant de la France a appelé la MINUJUSTH à bâtir sur les succès enregistrés par la MINUSTAH, afin de remplir ses objectifs. Si la transition entre les deux missions a été saluée – notamment par le délégué de la Chine qui l’a jugé « harmonieuse » –, certains représentants, tels que ceux du Royaume-Uni et du Japon, ont demandé la signature rapide de l’accord sur le statut des forces de la nouvelle mission. Le représentant de la Bolivie a défendu l’idée de placer la nouvelle mission sous le parapluie du Chapitre VI de la Charte. D’autres délégations comme le Royaume-Uni se sont inquiétées des mesures prises par le Gouvernement haïtien pour reconstituer ses forces armées. Le représentant du Venezuela a au contraire jugé que cette initiative était de nature à préserver « l’indépendance et la souveraineté » du pays. Le représentant de l’Égypte a invité la Mission et l’équipe de pays des Nations Unies à se concentrer sur les efforts d’éradication de l’épidémie du choléra. Il a été l’un des nombreux délégués à avoir rappelé combien cette épidémie, avec les abus sexuels commis par certains membres de la Mission, avaient « terni l’image de la MINUSTAH », selon l’expression de la déléguée éthiopienne. Par ailleurs, alors que le gouvernement avait déjà donné son accord pour la rentrée en fonction de la MINUJUSTH, certains parlementaires continuent de crier que l’accord déjà signé par le Gouvernement Jovenel / Lafontant devra être sanctionné par le Parlement. Pour le président du Sénat, Youri Latortue, il n’existe encore aucune disposition légale concernant la nouvelle mission de l’ONU. Il croit nécessaire que le Parlement se prononce sur la question, afin que celle-ci ne bénéficie de la même latitude dont a joui la défunte MINUSTAH.